L’intégration sous-régionale au cœur des préoccupations au forum d’information et de sensibilisation sur la ZLECAF
mai 2, 2019La ZLECAF est l’un des projets phares de l’agenda 2063 consistant en la création d’une zone de libre-échange continentale Africaine. L’accord y relatif a vu le jour lors du sommet de Kigali, avant de se voir compléter par 9 annexes au protocole sur les marchandises lors du 31ème sommet ordinaire en 2018. Son objectif principal est de booster les échanges entre pays africains qui regorgent pourtant d’importantes matières premières et dont les exportations restent peu transformées.
La stratégie globale déployée pour parvenir à booster les échanges entre pays africains repose sur un constat : la région Afrique Centrale est la moins bien classée sur l’indice d’intégration régionale africain avec moins de 2% de commerce intra-régional. Ainsi, la ZLECAF s’investit dans la promotion de l’intégration des marchés sur le continent. Des partenaires l’accompagnent en ce sens, notamment l’Union Européenne, avec une enveloppe qui a atteint les 15 millions d’euros en 2019. Dans cette dynamique, le Cameroun aligne sa stratégie en misant sur la transformation des produits locaux et la consommation locale. Seulement, ces initiatives politiques semblent ne pas être suivies par les acteurs concernés qui traînent encore le pas.
Contexte du forum
L’objectif générale de ce forum est de sensibiliser les parties prenantes sur le contenu de l’accord et sur la nécessité de la formulation rapide d’une stratégie nationale de mise en œuvre en vue d’accélérer son adoption et sa mise en œuvre au Cameroun. En d’autres termes, il s’est agit de fournir aux participants des informations sur la ZLECAf, ses effets attendus, ainsi que les orientations stratégiques envisagées par le Gouvernement en rapport avec sa mise en œuvre. Ainsi, chefs d’entreprises et acteurs étatiques ont été interpellés sur les thèmes suivants :
- Le commerce de marchandises et son cadre institutionnel de mise en œuvre ;
- Le commerce de services ;
- L’harmonisation des normes sanitaires et phytosanitaires pour le commerce des produits agricoles ;
- Les modalités de libéralisation tarifaire.
Après les exposés du Ministre du Commerce du Cameroun M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA, du Représentant du Directeur du Bureau Sous Régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies Dr MAMA KEITA, du Représentant de l’Ambassadeur Chef de Délégation de l’Union Européenne au Cameroun M. Arnaud DEMOOR, du Représentant de la Commission de l’Union Africaine M. Prudence SEBAHIZI, de nombreuses remarques et observations ont été faites soulevées. Ce qui a conduit à l’élaboration d’un certain nombre de recommandations.
Recommandations
- La mise en place d’un comité national de la ZLECAf et d’un sous-comité chargé de l’élaboration de la stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAF ;
- Elaborer et mettre en œuvre un programme d’appropriation des différents domaines de l’Accord par les parties prenantes (les règles d’origine, barrières non-tarifaires, mesures sanitaires et phytosanitaires, OTC, mesures correctives commerciales, etc.) ;
- Transmettre aux participants tous les documents adoptés à ce jour dans le cadre des négociations de la ZLECAF (Accord cadre, Protocoles, Annexes, etc.) ;
- Mettre en place des institutions nécessaires en vue de la mise en œuvre efficace de l’Accord au plan national (tribunaux de commerce, point national d’informations, etc.) et notamment celles des structures qui seront en charge de la gestion des mesures correctives commerciales (Comités de lutte contre les subventions, les sauvegardes et le dumping) ;
- Accélérer l’actualisation et l’implémentation du Plan Directeur d’Industrialisation ;
- Adapter la diplomatie commerciale camerounaise à la nouvelle donne, qui prend en compte la ZLECAf en dotant les représentations diplomatiques camerounaises africaines de Conseillers commerciaux, qui auront un rôle à jouer dans la diffusion de l’information commerciale de leurs pays d’accueil ;
- Promouvoir l’économie numérique, qui devrait être l’un des atouts du Cameroun dans la mise en œuvre de l’Accord sur la ZLECAF ;
- Poursuivre le processus de facilitation du commerce avec l’implication du Comité National de la Facilitation des Echanges ;
- Poursuivre la mise en place d’une infrastructure qualité pour permettre aux opérateurs économiques de pouvoir accéder sans entraves aux autres marchés africains ;
- Renforcer le financement des activités de production, de recherche-développement et de commercialisation des opérateurs économiques nationaux, notamment les PME/PMI au travers de la création d’autres institutions spécialisées (banque d’import/export, institution de garantie et d’assurance des activités commerciales, etc.) ;
- Renforcer la vulgarisation des résultats activités de recherche-développement auprès des opérateurs économiques ;
- Développer les activités de positionnement du Cameroun dans le développement des chaînes de valeur régionales;
- Elaborer une étude spécifique sur la contribution des femmes à la ZLECAF et le développement du commerce transfrontalier ;
- Elaborer une étude spécifique sur la prise en compte du commerce informel dans la mise en œuvre de la ZLECAF ;
- Continuer le processus de renforcement des capacités énergétiques nationales.