Culture & Société: l’impact de la femme Gunu dans le développement de nos villages
mars 25, 2022»L’impact de la femme Gùnù dans le développement de sa contrée » tel est le thème qui a été débattu à l’occasion de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme par l’association Begunu. Ce débat riche a permis aux participants de s’exprimer sur une des spécificités de la femme Gùnù.
A cet effet, certaines partagent l’idée selon laquelle, grâce à son cœur maternel, la femme Gùnù se présente parfois comme un maillon fort qui soutien un maillon faible (homme paresseux/faible). Elle fait ainsi la grandeur de l’homme qu’elle soutient. Voilà pourquoi on peut dire : « derrière un grand homme, se cache une grande femme ».
Peut-elle être épanouie sans l’aide de l’homme?
Bien qu’il y ait des cas qui militent en faveur de l’affirmation de cette interrogation, il reste à dire que la complémentarité est louable. L’homme doit accompagner la femme Gùnù dans son épanouissement, pense Mme la Secrétaire Générale de l’Association.
Une autre membre de ladite association affirmera par la suite: « la femme
Gùnù, je la vois à l’œuvre à tous les niveaux, elle cherche la pitance quotidienne, on a parfois l’impression qu’elle couvre des hommes paresseux. »
Prenant à son tour la parole, une autre ajoutera que « la femme Gùnù contribue énormément dans le développement de nos villages. Dans le domaine de l’agriculture, nos produits ont aujourd’hui une référence grâce à elles, lorsqu’on parle de l’ananas, ou de l’igname Bafia, il s’agit en effet des produits des femmes Yambassa en général, et Gùnù en particulier. Elles se meuvent en ce jour en coopérative, au sein de celle-ci, elles procèdent à l’acquisition des biens qui sont mis au bénéfice de la population; on peut voir, des chaises, des tentes, des moulins à écraser, des moyens de locomotion…«
Dans le même esprit valorisant, une autre intervention ira en ce sens: « la femme aujourd’hui tout comme l’homme travaille dans la promotion de notre culture nous pouvons compter plusieurs à l’instar de la princesse Doris ALAKA (auteur de plusieurs disques sur le marché). C’est la femme
Gùnù qui est plus en contact avec les enfants et c’est elle qui leur transmet notre belle langue le nugunu. Si la femme Gunu ne s’implique pas à l’apprentissage de cette langue, celle-ci finira par disparaître, on peut comprendre au combien son rôle est si grand dans le développement culturel de nos villages.«
La femme Gùnù qu’elle soit de la ville ou du village utilise quels moyens pour se faire ressentir dans nos villages ? Son apport ? qu’attendons nous d’elle ?
La contribution de la femme Gùnù dans le progrès des villages Gùnù ne fait pas l’objet de querelles et doutes. En effet, les femmes de l’Association Begunu pensent que la femme Gùnù est comptée parmi les entrepreneurs du Cameroun, en généra, et du grand Mbam, en particulier.
Vu sous cet angle, on comprendrait mal pourquoi elle ne contribuerait pas au développement de la contrée Gùnù puisque disent-elles, la femme Gùnù excelle dans l’agriculture. Et Dieu seul sait comment celle-ci développe nos villages sur plusieurs plans, surtout le plan alimentaire.
En contribuant au développement socioculturel de sa progéniture qui, plus tard, développe son village, la femme Gùnù devient ainsi le moteur du développement de sa contrée. Cela se fait par la vente de son travail agricole qu’elle investit sur l’éducation des enfants.
On a l’impression qu’elle ne veut pas se hisser dans les sphères de décision, est ce la peur ou la soumission ?
A cette question, la femme de l’Association Begunu diront: « la femme Gùnù participe déjà au développement de nos villages en étant dans les associations et en payant leurs cotisations dans les comités de développement et ça c’est un grand sacrifice.«
Toutefois, question contextuelle sera soulevée au regard de quelques changements observés dans la société par ces femmes qui se demandent » de quelle femme parle t’on? Les grandes mères qui sont au village ou celle qui arrivent au village en talons avec les mèches ? Qui ne savent pas tenir là houe? » argumentant que « d’ici quelques années on aura très peux d’ignames, d’arachides et autres, car celle qui travaillaient sont de plus en plus fatiguées.«
A cet effet, la question qui suit ressortira une problématique de fond.
Comment la femme gùnù d’aujourd’hui peut elle impacter sur le développement de nos villages car celle d’hier est déjà fatiguée et a pris sa retraite?
La première à répondre le fera en ces termes: « le développement de nos villages passe également par la culture. Pour moi, la culture est le socle de tout développement. La femme gùnù d’aujourd’hui parle t’elle sa langue ? Maîtrise t’elle ses us et coutumes ? Combien de filles ici peuvent nous donner la période où on cultive la patate ? Les ignames ? Avant on avait les groupes de femmes de travail, parce que nos mères avaient le richesse du travail en groupe, de la solidarité. Qui sont des valeurs. la femme englobe celle qui vit au village et celle qui vit en ville. Toutes ont leur empreinte à poser pour le développement de notre contrée. »
Toutefois, une autre répliquera en demandant si « la femme ne doit pas suivre le processus de développement ? elle doit continuer à écraser l’arachide à la pierre ? » Elle ajoutera ensuite que : « Moi je parle des valeurs. Pour moi celle qui écrase l’arachide à la pierre est égal à celle qui le fait au Moulinex. Pour moi, celle qui cultive la patate est égal à celle qui est enseignante ou magistrat. La femme gùnù participe déjà au développement de nos villages en étant dans les associations et en payant leurs cotisations dans les comités de développement et ça c’est un grand sacrifice. »
Ce débat riche a permis aux participants de s’exprimer sur une des spécificités de la femme Gùnù. Il clôture ainsi, la fin du mois de la femme Gùnù.
Synthèse de Etienne-Didier ONANA Ba Boyidolo. (C) Begunu. www.mbolocameroon.com
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