23e championnat d’Afrique d’athlétisme senior Douala 2024: LEÇONS & COULISSES

23e championnat d’Afrique d’athlétisme senior Douala 2024: LEÇONS & COULISSES

juin 30, 2024 0 Par MBOLO Team

Longtemps annoncée, longtemps attendue, l’édition 2024 du championnat d’Afrique d’athlétisme senior s’est finalement tenue. Une édition laborieuse marquée par la confirmation de la traditionnelle hospitalité camerounaise et quelques manquements.

L’HOSPITALITÉ ….

Bertrand Magloire Mendouga alors président de la fédération camerounaise de boxe avait déclaré au cours d’une conférence de presse que beaucoup de confédérations sportives africaines aimaient attribuer au Cameroun, l’organisation des compétitions continentales à cause de son hospitalité.

Cette tradition a une fois de plus été respectée. Les délégations étaient logées et arrivaient sur le site de la compétition dans les délais raisonnables et ce malgré la distance qui séparait les hôtels de la cuvette de Japoma.

Les repas aux dires de certains acteurs étrangers étaient bien faits et suffisants.

LES AFTER WORK

Généralement, le côté jardin de ce type d’événement est une occasion unique de détente, de partage et d’échanges autour d’un pot entre les participants de tous les pays et ou avec ceux du pays d’accueil. Si les journalistes surtout locaux n’ont pas tous vécu ça pendant cette compétition, ceux des autres pays et les différentes composantes ont goûté à ça.

AMBIANCE SALLE DE PRESSE….

Après la phase d’obtention des badges, il fallait accéder aux différents espaces de travail ( salle de presse, tribune de presse, main courante, secrétariat technique…) exercice pas du tout facile. Il fallait arpenter les différents couloirs, se renseigner, s’égarer, se retrouver… Un véritable labyrinthe…

La salle de presse doté d’un wifi au débit moyen et des machines a permis aux hommes et femmes de média venus de tous les pays de travailler à leur guise. L’ambiance était bonne surtout lorsque certains se retrouvaient après un certain temps de séparation. Des blagues, l’évocation des vieux souvenirs…

Le ravitaillement en boissons et sandwiches faisait souvent des gorges chaudes. Pendant que certains étaient occupés à faire des interviews ou des photos à la main courante, ceux qui étaient en salle se restauraient sans parfois tenir compte de leurs confrères momentanément absents. C’est vers la fin que cet impair a été réparé. À déplorer aussi le comportement de certains hommes et femmes de média qui ne prenaient pas la peine de débarrasser les pupitres où ils travaillaient des miettes de pain, des bouteilles vides et autres emballages. Ça donnait une mauvaise image. Heureusement que certains parmi eux se donnaient la peine de rattraper cette tare.

En dehors deux ou trois personnes qui n’avaient pas retrouvé leurs cartes multimédia oubliées sur les machines et l’insuffisance des documents de travail notamment les start lists, on peut dire que c’était bien.

C’était convivial et c’est avec un pincement de cœur que les uns et les autres ont dû se rendre compte que les bonnes choses ne durent jamais…
Vivement une autre occasion…

LES PERFORMANCES DU CAMEROUN

Ceux qui comme nous suivent de manière régulière les activités de la fédération camerounaise d’athlétisme sont certainement les premiers déçus de la prestation en demi-teinte des athlètes camerounais. Nous avions fondé beaucoup d’espoir malgré certaines contingences. Nous ne saurions jeter la pierre sur une ou deux entités de cette chaîne pour justifier ça.

Trois médailles en argent et quatre en bronze avec trois ou quatre athlètes échouant au pied du podium, c’est difficile à admettre. Tellement nos ambassadeurs nous ont habitué à des performances plus honorables. Mais comme dit un proverbe africain  » À défaut des mangues, on se contente des raisins ».

TOUT LE MONDE EST COUPABLE

On ne saurait ne pas tenter quelques explications sur la prestation mitigée de nos représentants à cette compétition.

Qui aurait dû faire quoi? Qui n’a pas fait quoi?….

LES ATHLÈTES

Ils sont les premiers intéressés et coupables par ce que ce sont eux qui sont sur les pistes. Ils n’ont pas remporté l’or tant souhaité, alors, ils sont déçus comme tout le monde. Certains n’ont pas su gérer leurs émotions ( une chance qu’ils aient évité les faux départs), d’ autres, certainement à cause de la précarité dans la quelle ils vivent et la passion qu’ils ont ne se disciplinent pas. Ils prennent part à n’importe quelle compétition dont ils entendent parler. Conséquence : ils s’usent et s’exposent au risque d’accidents, de blessures, de surcharge et le moment venu, soit ils passent à côté de la compétition, soit ils ne sont pas en forme ou encore blessés. Une discipline individuelle rigoureuse avec le suivi du protocole de travail qu’est sensé leur donner l’entraîneur.

À LEUR DÉCHARGE…

Les conditions de travail parfois difficile, les précarité de vie caractérisée par l’insuffisance du suivi médical, la récupération, le temps très court de la mise en stage, absence de stage à l’étranger où les conditions de travail sont plus adaptées. Parmi ceux qui ont obtenu des médailles, combien vivent au Cameroun ?

LA FÉDÉRATION

La fédération camerounaise d’athlétisme fait partie en dehors de celle de football des deux fédérations les mieux structurées avec un siège vraiment fonctionnel, un département marketing efficace et productif, une direction des compétitions proactive avec plusieurs journées de championnat ( meetings interclubs) , tournois open sans oublier la coupe du Cameroun…

De manière régulière, ses athlètes brillent sur la scène internationale. Ce qui lui aura manqué pour les récents championnats d’Afrique, c’est certainement les moyens d’envoyer les athlètes en stage ou participer à des compétitions à l’étranger. Pas de surprise que parmi les médaillés on compte ESEME Emmanuel, Linda ANGOUNOU entre autres qui participent ces derniers temps à des meetings à l’étranger.

La faiblesse des moyens financiers et matériels n’a certainement pas permis une mise en stage longue et conséquente.

L’absence de matériel technique notamment au niveau de la chronométrie, la concentration de certaines tâches entre les mains de quelques personnes qui avait pour conséquence de freiner ou de retarder l’exécution de certaines tâches, le nombre insuffisant d’encadreurs techniques. Quand par exemple l’Éthiopie au niveau du 20k marche déploie une dizaine d’encadreurs techniques tous sexes confondus et postés à des endroits stratégiques du parcours sans oublier le staff médical muni d’une table de ravitaillement et échangeant avec les athlètes durant la compétition. C’était sensiblement la même chose pour les kényans et algériens.

Autre faiblesse camerounaise, le nombre réduit des athlètes ( au 20km marche par exemple, la camerounaise Takio est seule contre plusieurs éthiopiennes, kényanes et algériennes…. Idem pour les autres épreuves comme les courses de fond…..

LE MINISTÈRE DES SPORTS

Le déblocage tardif des moyens financiers plombe tardé ou retardent l’exécution de certaines tâches et l’achat du matériel technique.

La réduction du nombre de jours pour la mise en stage interne cause un certain préjudice aux athlètes. À une certaine époque, elle était de 21 jours. Cette fois, on parle de… 10 jours

CONCLUSION

Loin d’avoir été exhaustif , nous pensons que nous aurions fait mieux si tous les maillons de la chaîne que sont les familles, la presse les pouvoirs publics, les athlètes et la fédération et le comité national olympique et sportif du Cameroun avaient chacun joué sa partition, les choses auraient été meilleures. Reste maintenant à se regarder droit dans les yeux, tirer les conclusions pour un avenir radieux.

Etienne Didier ONANA,
Félix EYEBE
Thomas DJONOU
Thierry Gilbert N’LO
© Mbolocameroon Team